Des nouvelles du NOMADIC

     

Le NOMADIC  en 2001 lorsque je l' ai photographié amarré le long de la Seine.

Il y a quelques années, suite aux problèmes financiers rencontrés par son propriétaire, le "Nomadic", alors installé sur la Seine depuis 1974, était voué à disparaître sous les chalumeaux. Aujourd'hui, placé en instance de classement au Monuments Historiques depuis 2003, le célèbre transbordeur amarré au Havre a finalement trouvé preneur le 26 Janvier dernier lors d'une ultime vente aux enchères. Belfast devrait l'intégrer dans son "Titanic quarter"

Mais le Nomadic, construit pour la White Star Line en 1911, est bien fatigué. Les spécialistes estiment qu’il faudra débourser pas moins d’un million d’euros pour remorquer le vieux transbordeur du Havre à Belfast, et dix autres pour le remettre en état.
Car le navire n’a pas chômé. Il commence sa carrière glorieusement, dès 1911, à Cherbourg. Il transborde alors les passagers de 1ère et de 2ème classe vers l’Olympic. A l’époque les ports sont trop peu profonds pour que les gros navires puissent s’y amarrer. D’où la nécessaire utilisation de ces navettes qui pouvaient transporter pas moins de 1 000 personnes, des quais jusqu’aux paquebots qui attendaient au large. Le 10 avril 1912, il transporte les riches passagers jusqu’au Titanic, quatre jours avant le naufrage. Le Nomadic est alors un bateau luxueux, où les passagers trouvent le même standing que celui qu’ils auront à bord des paquebots.

Le transbordeur aux cent vies a été restaurant flottant sur la Seine
Autre ambiance pendant la guerre. Le transbordeur de luxe est mobilisé par l’armée française, qui s’en sert pour aider au débarquement des soldats américains, à Brest, en 1917. Il reprend du service pour la White Star Line dès la fin de la guerre, mais la compagnie s’en sépare en 1933. Le Nomadic devient alors français. Il est racheté par la Société cherbourgeoise de remorquage et de sauvetage. Après avoir été de nouveau réquisitionné pendant la Seconde Guerre mondiale, il continue d’assurer la navette au large de Cherbourg encore quelques années, notamment pour le Queen Elizabeth, en 1960.
A l’âge de la retraite, il échappe à la casse grâce à un particulier, qui le transforme en navire de plaisance. En 1974, il est racheté par un passionné, qui l’amarre à Paris, sur un quai de la Seine, et le transforme en restaurant. Il est enfin saisi par le Port autonome de Paris en 1999 et remorqué jusqu’au Havre trois ans plus tard. Au cours de ses cent vies, le navire a considérablement changé de silhouette. Sa cheminée a notamment disparu, qui lui donnait cet air repérable entre tous, de témoin de la grande aventure transatlantique.

Le NOMADIC dans l' avant port de Cherbourg le 10 avril 1912